POING FINAL

 
Libéralisme


Le libéralisme a le vent en poupe et les crève-la-faim l'ont dans le cul car le souffle puissant de l'éolien Dow Jones embouche leurs anus décharnés comme des becs de flûtes, des manches de saxo pour entonner une marche triomphale cuivrée à la Verdi, une de celles qui font frétiller d'aise le bourgeois et sa bobonne à l'heure où le tiroir caisse est digitalement verrouillé et le volet de la grande surface baissé.

Aussi, le libéralisme pue la mort, le charnier, fétide, chimique et fosse septique. Pogne de gendarme quand il libère le commerce, le libéralisme met en boîte les libertés, celles du quidam qui devient petit pois à l'étuvée, aligné, tassé, lissé, réglementé, Marie Thumas comme c'est pas possible. Cette idéologie de l'horizon unique place la vie en banque, elle la coffre, pour qu'elle rapporte du x pour-cent et dynamise la bourse des économies libérales. À la bourse ou la vie, c'est toujours la bourse qui prime, qui met en poche nos petites valseuses couillonnes et désarmées.

Le libéralisme chante la poésie des barbelés qui fondent la propriété privée, le garde-manger, la carte d'identité, l'enseignement professionnel, le RMI, les plans de carrière, les guichets, les prix à payer, l'esclavage, les petits boulots, l'humour des douaniers, le juste prix, la charité, les miradors télévisuels, le combi des CRS et l'arrogance des juges. Avec le libéralisme, les lois servent d'étiquettes aux soldes de la dignité humaine.

Le fric, le flic, la trique, le cirque, la brique, l'Amérique sont partout, comme la misère. Les mendigots n'ont plus qu'à tendre la paluche pour recevoir l'aumône, l'Amérique ou un emploi jeune, dernier Pérou toléré sur les sentiers lumineux de la mouise, sur le macadam truffé des nids de poules en batterie.

Le libéralisme, c'est Ducon fait homme, c'est le Christ incarné en caddie de supermarché, c'est le Golgotha-je-rentre-gagnant. Le libéralisme est une secte avec ses ministres et ses saints patrons, ses adeptes et ses inadaptés en cure de réinsertion. Son autel s'avance monolithe : le rendement.

Là devraient converger toutes nos redditions, nos renonciations, nos trahisons, nos abdications, nos consommations avec pour toute marge de manœuvre, la sacro-sainte et à sens unique, marge bénéficiaire.

Le libéralisme n'a pas de penseurs, car on ne pense pas le marché. Au marché, on achète, on vend, on vole, on dupe, on empoisonne, on assassine, mais on ne pense pas. Pas le temps et le temps, c'est de l'argent. Et ce marché pullule de vigiles, de caméras, de caissiers et caissières, de cerbères affamés et impitoyables. Là, pas de place pour les alternatives démunies de carte de crédit, là, les bannières de la dissidence flottent comme un chèque à découvert. En taule ! En conserve ! Toujours et encore.

Certes, le libéralisme affiche selon les latitudes des couleurs, des tonalités différentes. Mais c'est comme les tombes de nos cimetières décorées, pour faire, joli de chrysanthèmes aux coloris variés.

Cela n'empêche pas qu'il y règne une odeur de putréfaction, un parfum de mort suffocant. Le libéralisme, c'est 1984, ça fait moins cher que 2000, ça se vend donc mieux.

Dirk F. Diederich




 
 

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