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AGIR CONTRE
LE NéOLIBéRALISME
ET LA MONDIALISATION
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Une nouvelle vague ?Après Seattle
et Washington...
Bruxelles et Prague ?
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Quel mouvement
contre
la mondialisation ?Seattle en novembre 1999, Washington en avril 2000... Prague en septembre 2000 ? Des milliers de personnes qui manifestent contre les ravages de la mondialisation néo-libérale, affrontent la police et bloquent les réunions internationales des "grands" de ce monde.
Que se passe-t-il donc dans le monde, et aux USA en particulier ? Une grande mobilisation "citoyenne" pour demander plus de contrôle de l'État sur l'économie et un peu moins de marché ? Des rassemblements disparates et si différents qu'une chatte n'y retrouverait pas ses petits ? Le début d'une nouvelle vague révolutionnaire semblable à celle des années 60 ?..
Débats dans le débat
En gros, trois types d'acteurs, différents par leurs motivations et dans leurs objectifs, se sont retrouvés à Seattle, comme à Washington.
D'abord, les syndicats traditionnels (AFL-CIO principalement), le gros des troupes à Seattle, une présence négociée par avance avec le gouvernement, tant sur la forme (manif tranquillou) que sur le fond.
Leur critique du néolibéralisme sort à la fois, en manif, des mégaphones des leaders syndicaux... et, à la télé, de la bouche de Clinton : un appel au respect des droits des travailleurs du monde entier, en particulier concernant le travail des enfants (on en revient aux revendications du mouvement ouvrier du milieu du XIXème siècle...).
Ensuite, un ensemble hétéroclite de militants écolos, associatifs, autonomes, tiers-mondistes... Leur emblème aux USA : le Direct Action Network (Réseau d'Action Directe). Ils revendiquent une expression "citoyenne" et pacifique en faveur d'une régulation étatiste des "excès" du capitalisme. Ils ne reconnaissent que les conséquences néfastes du système envers les hommes, les femmes et la nature. Mais leur protestation s'immobilise aux portes des logiques profondes d'un système dont ils ne critiquent que les effets. Ils veulent pousser un cri pour indiquer aux dirigeants qu'ils existent et qu'ils demandent à être pris en considération. Ces activistes ont montré une certaine imagination dans leur façon de manifester et se regroupent dans des associations autogestionnaires dont le fonctionnement laisse souvent une large place à l'autonomie individuelle, mais relève parfois d'une philosophie pour le moins ambiguë (mysticisme pour la "terre-mère").
Enfin, le mouvement anarchiste renaissant, venu de différentes villes des États-Unis et du Canada. Les motivations et les modes d'action de l'une de ses composantes, le Black Bloc, sont ici présentés.
Parce qu'à Washington, ils ont affronté volontairement la police... Parce qu'à Seattle, ils s'en sont pris directement et violemment à la propriété privée, ils ont non seulement été désavoués par certains autres manifestants, mais encore parfois molestés, dénoncés ou même livrés à la police.
Entre les composantes hétéroclites de ce mouvement naissant, le débat est parfois vif.
Si la montée en puissance internationale de l'anti-libéralisme ne peut que nous réjouir, ne faisons pas l'impasse sur les vieilles lunes de l'État-providence et du "contrôle citoyen" d'un impossible "capitalisme à visage humain" qui imprègnent encore une large fraction du mouvement. Et si chez nous, ce sont des lobbies comme ATTAC qui relaient ces illusions en "donnant la parole" à ce qu'ils appellent la "société civile", aux USA, ce sont de nombreuses et toujours plus puissantes ONG qui font ce boulot. Ces dernières ont célébré en chœur le succès des manifestations pacifistes de Seattle parce qu'elles auraient empêché la signature d'un traité. En réalité, si le sommet s'est terminé en eau de boudin, c'est avant tout parce que les représentants des pays du Sud ont refusé, une fois de plus, de s'incliner devant les diktats occidentaux.
La plupart des ONG, quand à elles ont réussi à récupérer leur part du gâteau "représentatif" : depuis leurs revendications "citoyennes" contre l'AMI, elles sont courtisées par les grands de ce monde et la Banque Mondiale qui a intégré au moins 70 d'entre elles au sein de ses services.
Gageons que la confrontation d'idées et de pratiques entre les futurs gestionnaires d'un capitalisme "régulé" par l'État grâce au "contrôle citoyen" et les partisans d'une remise en cause globale d'un système qui tue quotidiennement, ne fera que se cristalliser ces prochains mois dans le mouvement anti-mondialisation.
Pour notre part, nous y apportons notre écot ce mois-ci, par la publication de textes qui rendent justice aux actions de nos camarades anarchistes américains.
Alternative Libertaire
TÉMOIGNAGE
Seattle
Novembre 1999Nous étions deux adhérents à The national offices of the Fellowship of Reconciliation à être allés à Seattle pour participer à la manif contre le sommet de l'OMC (...) Les quatre jours pleins que nous avons passés, nous les avons vécus dans les rues de la ville, à défiler pacifiquement, à participer à des réunions et à être confrontés à des attaques au gaz lacrymo, à des poursuites des policiers anti-émeute et à l'éventualité d'une arrestation... en recevant des tirs de balles en caoutchouc, des coups de matraque ou des jets de poivre.
Le 30 novembre vers midi - le premier jour du sommet - il devenait évident que la police, en arrêtant les manifestants, avait comme but principal de disperser les gens avec force et armes. Ce soir- là, l'état d'urgence a été dé claré associé d'un couvre-feu à partir de 19h. À l'approche de la nuit, les soldats de la Garde Nationale qui étaient de corvée, ont débarqué. Toutes les télés du monde ont relayé les ima- ges de violence de rue de ces journées.
Il y a eu une large condamnation des actes de destruction commis par les jeunes vêtus de noir qui ont saccagé les entreprises situées dans un quadrilatère de 15 à 20 rues. Les participants au sommet (dirigeants d'entreprises et de gouvernements), la presse
écrite (des journaux locaux aux quotidiens nationaux comme le New York Times et le Wall Street Journal) et les télés... ont tous "égratigné" les émeutiers, en les décrivant comme des criminels, des hooligans, des bandits.
Et les militants progressistes (curés, écolos et syndicalistes) ont fait de même. Nous ne soutenons certainement pas la violence ou la destruction de la propriété, déclara Naomi Walker, la porte-parole du syndicat AFL-CIO. Et Carl Pope, directeur général du Sierra Club d'ajouter : Nous déplorons la violence qui s'est produite au centre ville de Seattle en ce qu'elle dépouille de leur sens la masse des 50.000 personnes qui se sont regroupées pour revendiquer le respect des droits des travailleurs et de la nature. La violence ne fait que brouiller notre message. Une poignée d'anarchistes ne devrait pas étouffer le message délivré par des centaines de manifestants pacifiques.
D'autres encore, ont été plus véhéments à l'encontre de cette violence sur la propriété. Medea Benjamin, un leader de Global Exchange, un groupe basé à San Fransisco, déclara : Nous sommes ici en train de protéger Nike, McDonald's, Gap et tout le reste, où est la police ? Ces anarchistes devraient être arrêtés (New York Times, 2 décembre 1999).
Mike Dolan du groupe Public Citizen de Ralph Nader va dans le sens de ces déclarations : Ces actions non-violentes ont été interrompues et détournées dès le début par des petites bandes de vandales qui ont renversé des distributeurs de journaux et ont manifestement brisé quelques vitrines du centre-ville. La police a été incapable d'identifier et d'arrêter ces quelques individus asociaux. Pourquoi la police n'a-t-elle identifié et arrêté ces vandales plus tôt ? Si elle l'avait fait, cela m'aurait évité ce vilain après-midi et ce sentiment d'être mal à l'aise. Nous ne sommes pas venus pour détruire Seattle, nous sommes là pour mettre au jour l'effet destructeur de l'OMC (World Trade Observer, 1er décembre 1999). Depuis lors, il y a eu d'autres accusations et spéculations parlant des anarchistes comme d'agents provocateurs du gouvernement.
Personne ne va-t-il défendre les anarchistes ? Leurs actions étaient-elles répréhensibles comme semblent le dire ces critiques ? Ou bien ces jeunes rebelles sont-ils nos frères et nos sœurs, qui, loin d'être des saboteurs du mouvement, sont des esprits révolutionnaires dont nous devrions nous inspirer pour exprimer une juste colère et un juste désaveu d'un ordre social basé sur la cupidité, sur une violence intrinsèque et une oppression de la plupart d'entre nous ?
La désobéissance civile massive comme nouveau niveau de lutte peut transformer la profonde rage du ghetto en une force constructive et créative. Disloquer le fonctionnement d'une ville sans pour autant la détruire peut être plus efficace qu'une émeute parce que cela peut avoir un effet à plus long terme, un effet coûteux pour la société, mais sans être pour autant une destruction sans limite propre. Finalement, c'est un moyen d'action sociale que le gouvernement peut moins facilement réprimer.
Il y avait trois principaux groupes d'actions lors des manifestations et des événements de Seattle. L'un était une large coalition composée de syndicalistes, de pacifistes, d'écolos et de groupes religieux. Ces groupes représentaient la masse des manifestants, en particulier le jour de la marche officielle des syndicats lors de laquelle quelque 30.000 participants sont descendus du centre de Seattle jusque dans les quartiers commerçants proches du sommet de l'OMC. Les plus présents parmi les manifestants syndicalistes étaient les dockers, les employés de l'industrie et les sidérurgistes.
Ensuite, il y avait le Direct Action Network (Réseau d'Action Directe), composé de beaucoup moins de gens, plutôt jeunes, mais avec la volonté de venir perturber la rencontre officielle par une protestation symbolique et non-violente, autrement dit pour tourner en ridicule le sommet de l'Organisation Mondiale du Commerce.
Enfin, il y avait ces petits groupes d'anarchistes, venus de l'Oregon selon les dires, dont le but était de prendre d'assaut la vache sacrée de la culture américaine. Parce qu'à ce stade de l'histoire, aucun groupe de citoyens n'est en mesure d'entraver directement les prises de décision des puissants. Presque tous ceux engagés dans les mouvements sociaux en sont réduits, dans une certaine limite, pour exprimer leur protestation aux actions symboliques. Les riches et les puissants tirent les ficelles pendant que nous sommes réduits à l'état de témoins de nos propres plaintes.
Alors qu'une large partie des manifestants de Seattle était en faveur d'une protestation symbolique, d'un désaveu politique clair (syndicalistes, religieux, ceux en faveur d'un commerce équitable et les écolos), et alors qu'un autre groupe était en faveur d'une action symbolique visant à interrompre la rencontre ministérielle par une désobéissance civile non-violente (même seulement pendant l'espace d'une journée), les anarchistes mettaient en avant une confrontation symbolique et directe avec l'avant-garde du capitalisme, l'économie basée sur le profit et représentée par les entreprises. Leur action était un appel à un changement par delà les frontières, un changement radical de notre mode de vie quotidien. Ils ont en partie atteint ce but en détruisant des symboles de l'oppression, les façades publicitaires des entreprises. Leur mot d'ordre est l'action directe et non, seulement, une dissidence symbolique. En un sens, leur discours anticipe sur l'image d'une société emprisonnée que contient le titre du dernier livre de David Korten, The Post-Coporate world : Life after Capitalism (Le monde après les entreprises : la vie après la capitalisme).
C'est la raison pour laquelle les anarchistes, réunis en groupes affinitaires, s'en sont pris aux centres commerciaux, à Nike Town, The Radisson, Sheraton, Starbucks, The Gap, FAO Schwarz-Barbie Center, McDonald's, les lieux où les marchandises sont exposées et mises en vente, les endroits qui nous poussent à participer à cette culture de consommation (malheureusement, le campus de Microsoft était très éloigné, de l'autre côté du Lac Washington).
Je me souviendrai encore longtemps de cet après-midi bruineuse à Seattle, près du Marché de la Place Pike, sous les jets de gaz lacrymo et poursuivi par la police, quelques instants après qu'on m'ait lu la loi anti-émeute. À la fois terrifiant et émoustillant, ce fut un moment pendant lequel les gens prenaient possession des rues, revendiquant l'espace urbain d'habitude accaparé par des intérêts commerciaux ou par l'État. Pendant quelques jours à Seattle, cet espace leur fut repris, la chose publique (res publica) a été réappropriée. Merci au Direct Action Network et aux anarchistes, grâce à eux la démocratie était dans la rue.
Est-ce que les anarchistes étaient des aventuriers extrémistes mettant en danger le succès de la contre manifestation de l'OMC ou étaient-ils au contraire des prophètes ? On peut penser sans aucun doute que leurs actions ont tracé les grandes lignes de cette semaine anti-OMC.
Depuis de nombreuses années, les mouvements qui agissent sur des mots d'ordre de paix, de justice et de respect religieux se sont manifestés pour la justice sociale, rejetant le matérialisme, la culture du profit et une société de consommation sans âme, pour des relations humaines égalitaires. Ce sont des revendications "prophétiques".
On peut penser que le cœur des anarchistes, toujours laïques, est empli de ces idées et qu'ils mènent des attaques concrètes contre les lieux symbolisant le consumérisme et l'aliénation, des actions directes contre la culture de la consommation. Ironiquement, leur pratique, leurs actions, ont pour but de railler le culte de la consommation, un matérialisme qui confère plus de valeur aux marchandises qu'aux hommes et le marché déifié. Que presque tout le monde ait désavoué ces attaques contre la propriété, certains appelant même l'État à arrêter ces jeunes rebelles, révèle une espère de consensus à propos de la propriété privée (certains manifestants s'étant même proposés pour nettoyer les graffitis laissés sur les vitrines).
Les anarchistes sont allés plus loin que l'appel à une réforme du libéralisme à la Clinton ; ils ont lancé une enchère symbolique sur un changement total et non partiel. La lutte contre la propriété privée préfigure un futur que beaucoup d'entre nous souhaitent : un monde sans plus aucune exploitation à la fois au Nord et au Sud, sans pouvoir économique concentré entre quelques mains, sans patron, sans classe, sans salariat et respectueux de la nature.
Leur critique ne se limite pas à remettre en cause l'OMC, la Banque Mondiale ou le pouvoir des gouvernements, mais un système économique et social de marché basé sur la seule course au profit maximum immédiat.
Pour beaucoup d'entre nous, leur actions ont plus d'attraits que les protestations "légitimes" ; leur imagination allait beaucoup plus loin que de simplement réformer une entité patronale ou de bloquer le processus d'une institution néfaste. Jeunes, audacieux, courageux, purs, presque beaux dans leurs vêtements noirs, les jeunes anarchistes ont tenté leur chance sans en appeler à aucune aide ou solidarité des autres manifestants (qui les critiquent). Ils nous ont remis en mémoire l'esprit de la rébellion de Watts en 1965, les feux de Détroit de 1967, Paris et Chicago en 1968, Los Angeles en 1992 et aussi bien sûr, les larges désaccords que les rues précédentes engrangent en permanence (...).
Méthodes
et motivationsIl y avait un contraste fort entre l'atmosphère et les attitudes au sein des chapelles pacifistes institutionnelles dans les quartiers commerciaux de Seattle et le point de ralliement du Direct Action Network sur la colline du Capitole, entre les voix "raisonnables et pragmatiques" des syndicats, des églises, des pacifistes, des écolos, des voix d'âge moyen et de classe moyenne d'un côté, et de l'autre, les groupes anarchistes (dans le sens d'autonomes et auto-organisés) de jeunes défiant le déroulement de l'OMC, la propriété privée et les propriétés collectives (toujours organisées selon un ordre injuste).
Le DAN a tout de même réussi, avec quelque habilité et selon une logique bien connue, à interrompre la chorégraphie planifiée et sans heurt des manifestants dont l'orchestration était approuvée par le pouvoir, chorégraphie officielle et routinière. Les actions étaient vivifiantes et rafraîchissantes dès lors qu'elles subvertissaient les modes classiques de manifestations où tout est préparé avec le chef de la police jusqu'au chargement du dernier bus transportant les derniers manifestants arrêtés.
La réponse de la plupart des pacifistes aux violences policières était complètement inappropriée. Cela s'est illustré lors d'une scène particulièrement décevante qui se produisit mercredi matin au niveau de la rue Seneca et de la Cinquième rue, le lendemain des plus importantes actions de rue. Une procession religieuse silencieuse, arrêtée juste devant une rangée de policiers, est passée au travers dans une attitude conciliante, voire de soumission. Peut-être est-ce la seule chose possible aujourd'hui, mais peut-être que ceux d'entre nous qui sommes plus investis dans le système, plus institutionnels, peuvent encore soutenir les actions de jeunes voulant une confrontation directe avec les valeurs de ce système. Il est possible que nos échecs à refuser des choses telles que les porte-feuille d'actions, les subventions, les prêts, les structures hiérarchiques et autres, peuvent nous empêcher d'agir directement au nom de la justice ; mais cela ne nous empêche pas de soutenir ceux qui sont prêts à engager la lutte de façon plus militante.
Finalement, les manifestations n'appartiennent exclusivement ni aux gardiens de la paix, ni aux écolos, ni aux syndicats, ni aux religieux, ni aux anarchistes : personne n'a de droit de propriété sur les rues. À Seattle, il y avait beaucoup d'organisations, mais tout sauf une coordination minimum ou un programme pré-établi ; on ne pouvait rien prévoir de ce que les manifestants allaient faire. Public Citizens a fait l'annonce à l'avance d'aller manifester contre l'OMC, mais ce sont les gens qui, agissant d'eux-mêmes, ont spontanément et concrètement ouvert les espaces publics. À certains moments, il semblait qu'il n'y avait pas de leaders officiels, seulement des foules (...).
Lors de la nuit de la destruction de Starbucks dans la rue Stewart, on pouvait entendre un argument parmi des centaines au sein du cortège. Une femme, charpentière de profession, portant chapeau et chaussures, critiquait l'attaque du magasin : Ce magasin aurait pu être un de ceux que j'ai construits ! Tout dans Seattle a été construit par le travail d'hommes et de femmes ! Seattle est une ville aussi syndicaliste que ceux qui y sont venus. En 1919, quelque 60.000 travailleurs ont lancé une grève générale pour la défense de leurs droits, entraînant une immobilisation totale de la ville. La ville a aussi été le terrain de luttes acharnées contre la firme Boeing. Dans le futur, si le mouvement est capable de se construire et de se développer, il saura prendre l'arme puissante des travailleurs réunis pour mener une réelle révolution contre le capital, et non seulement des actions de rue d'une opinion minoritaire au milieu d'une contre culture minoritaire. La question est de transformer cette équation.
Pourriez-vous, anarchistes, être comme ceux de l'Espagne, ceux de la Confédération Nationale du Travail de Catalogne dans les années 30 ou bien ceux du IWW ? (...) Il est nécessaire que vous, les anarchistes, vous expliquiez plus vos actions, les pourquois de vos actions. Votre défi est de rendre votre message lisible par tous et toutes. Si vous n'avez aucun dialogue avec les autres, vous continuerez sans aide à cogner vos bras contre les murs de notre prison commune.
Comme le reste des protestations à Seattle, le Direct Action Network et les anarchistes étaient majoritairement des blancs, pointant encore une fois le fait que les mouvements radicaux sont polarisés. Il me paraît clair que si les participants de la bataille de Seattle avait été des mangeurs de tortilla, de riz ou de maïs, ou d'origine africaine, il y aurait eu des morts ; il y a un passé historique clair montrant en quoi le risque de mort est présent lorsque des gens de couleurs agissent en masse de leur propre chef. La peau blanche demeure à ce propos un privilège.
Et c'est vrai que c'était un honneur pour moi, membre de la classe ouvrière et homme de couleur que d'avoir été présent pendant ces jours bruineux à Seattle, au côté de révoltés empreints d'idéalisme, mais ayant compris la signification d'un rassemblement de personnages officiels et leur volonté de préparer pour vous et moi un agenda pour le futur.
La bataille de Seattle a été une superbe manière d'achever cette année, ce siècle et ce millénaire ; cela représente un espoir ferme pour l'avenir.
Megan Earls - Andres Mares MuroRacial and Economic Justice Program, le 9 décembre 1999, rej@forusa.org
COMMUNIQUÉ
Le Black Bloc
s'explique...Le but principal de ce communiqué (ndlr: dont nous reproduisons des extraits) est d'éclairer le mystère qui entoure le Black Bloc et de rendre ses motivations plus transparentes puisque nos masques ne peuvent pas l'être.
Le 30 novembre, plusieurs groupes d'individus du Black Bloc ont attaqué différents objectifs dans le centre ville de Seattle (...) Cette activité dura plus de 5 heures et entraîna la destruction de vitrines et de portes de magasins ainsi que la dégradation de façades.
Des frondes, des distributeurs de journaux, des marteaux, des maillets, des pinces ont été utilisés pour détruire de façon stratégique la propriété privée. Des jets d'œufs, des boules et pistolets de peinture ont également été utilisés.
Le Black Bloc est un ensemble plus ou moins organisé de groupes et individus réunis par affinité qui se balladent dans le centre ville, attirés parfois par des devantures de magasins vulnérables et éminents, parfois par la vue d'un groupe de policiers. Contrairement à la majeure partie des activistes qui ont été gazés et atteints par des balles de caoutchouc à plusieurs occasions, la plupart des membres du BB ont évité les blessures graves en restant constamment en mouvement et en évitant la bagarre avec la police. Nous sommes restés groupés et nous regardions toujours derrière nous. Ceux qui étaient attaqués par les bandits fédéraux ont été rapidement libérés par des membres du BB, organisés et préparés. Le sens de la solidarité était impressionnant.
! Les activistes "gardiens de la paix". Malheureusement, la présence et la persistance de services d'ordre a été perturbante. Au moins à six occasions, des soi-disant activistes "non violents" ont attaqué physiquement des individus qui voulaient s'en prendre à la propriété privée. Certains sont même allés jusqu'à se tenir devant la grand magasin NikeTown pour attaquer et repousser le BB. En fait, ces "gardiens de la paix" comme ils se nomment eux-mêmes ont été bien plus menaçants vis-à-vis du BB que les chiens de garde de l'État en uniforme, notoirement violents (des policiers ont même utilisé la couverture des activistes "gardiens de la paix" pour stopper ceux qui commençaient à détruire la propriété privée).
! La réaction contre le Black Bloc. La réaction contre le BB a mis en lumière certaines des contradictions et des oppressions internes présentes parmi les "activistes non violents". En dehors de l'hypocrisie évidente de ceux qui se sont montrés violents avec des membres du BB des individus masqués (nombre d'entre eux ont été frappés bien qu'ils n'avaient pas l'intention de s'en prendre à la propriété privée), il apparaît aussi un racisme d'activistes privilégiés qui peuvent ignorer la violence perpétrée contre la société et la nature au nom de la propriété privée. L'attaque des vitrines a concerné et inspiré beaucoup des personnes parmi les plus opprimées de la ville de Seattle, et ce bien plus que n'importe quelles marionnettes géantes ou costumes de tortues de mer (ce qui ne remet pas en cause leur utilisation par d'autres groupes).
! Quelques mythes à propos du Black Bloc. Quelques réflexions dont l'objet est d'aller à l'encontre des mythes qui circulent à propos du BB.
Ils ont transformé un manifestation pacifiste en une guerre ce qui a mené au gazage des manifestants non violents. Notez que les tirs de grenades lacrymo, les jets de poivre et les tirs de balles en caoutchouc ont tous commencé avant les actions du BB. En plus, nous devons aller à l'encontre d'une tendance qui établit une relation de cause à effet entre la répression policière et la protestation sous toutes ses formes, qu'il s'agisse de s'attaquer à la propriété ou non. La police a chargé dans le but de protéger les intérêts de quelques possédants et ceux qui s'attaquent à ces intérêts ne peuvent être accusés de violence.
Inversement : Ils ont agi en réponse à la répression policière. Bien que cela puisse constituer une meilleure image de ce qu'est le BB, c'est faux dans tous les cas. Nous refusons d'être désignés comme une simple force de réaction. Bien que la logique du BB puisse échapper à certains, c'est dans tous les cas une logique en faveur de l'action.
Ils sont un groupe de jeunes garçons en colère. En dehors du fait que dire cela revient à faire preuve de condescendance de l'âge et de sexisme, c'est faux. La destruction de la propriété n'est pas une libération fondée sur une agitation machiste et nourrie de testostérone. Ce n'est pas non plus une colère réactionnaire et en décalage. C'est stratégiquement et spécifiquement de l'action directe dirigée contre des intérêts privés.
Ils ne recherchent que la bagarre. C'est proprement absurde et c'est une façon commode d'ignorer l'ardeur des activistes "gardiens de la paix" à nous attaquer. De tous les groupes engagés dans l'action directe, le BB était peut-être le moins enclin à provoquer les flics et nous n'avions certainement aucun intérêt à nous battre contre les autres militants anti-OMC (malgré de grands désaccords dans la tactique à mener).
C'est un groupe chaotique, désorganisé et opportuniste. Bien que nombre d'entre nous pourraient passer des jours à discuter du terme chaotique, nous n'étions certainement pas désorganisés. L'organisation est peut-être apparue comme fluide et dynamique, mais elle était serrée. Quant à l'accusation d'opportunisme, il serait difficile d'imaginer qui parmi tous ceux qui participaient n'a pas essayer de tirer avantage de l'opportunité créée à Seattle et d'avancer ses idées. La question devient alors : avons-nous créé cette opportunité ?... et la plupart d'entre nous l'ont certainement fait (ce qui mène au mythe suivant).
Ils ne connaissent rien à ce qui se passe ou Ce ne sont pas des militants qui s'intéressent à la question. Bien que nous ne soyons pas des militants professionnels, nous avions préparé ces actions depuis des mois à Seattle. Certains ont réfléchi chez eux, d'autres se sont rendus à Seattle plusieurs mois à l'avance pour se préparer. Il est certain que nous revendiquons la présence de centaine de personnes sorties dans les rues le 30 novembre : seule une petit partie n'avait rien avoir avec le BB. La plupart d'entre nous avaient déjà réfléchi aux effets de la mondialisation de l'économie, du génie génétique, du pillage des ressources naturelles, des transports, des conditions de travail, de la suppression de l'autonomie des indigènes, des droits des animaux et des hommes et nous faisons des actions sur ces thèmes depuis des années. Nous ne sommes ni mal informés ou inexpérimentés.
Les anarchistes masqués sont anti-démocratiques et camouflés parce qu'ils veulent cacher leur identité. Bon, soyons clairs (avec ou sans masque), nous ne vivons pas actuellement en démocratie. Si cette semaine n'a pas rendu les choses très claires, laissez-nous vous rappeler que nous vivons dans un État policier. Il y a des gens qui disent que si nous étions sûrs de ce que nous avons raison, nous ne nous cacherions pas derrière des masques. Cela sous entend que La vérité vaincra. Si c'est un juste et noble but, cela ne marche pas dans l'actuelle réalité. Ceux qui menacent sérieusement les intérêts du capital et de l'État seront persécutés. Certains pacifistes voudraient nous voir accepter cela joyeusement. D'autres nous diraient que c'est un sacrifice qui en vaut la peine. Nous ne sommes pas aussi moroses.
Nous ne croyons pas que nous avons le privilège d'accepter la persécution comme un sacrifice : la persécution est pour nous quotidienne et inévitable et nous tenons à nos maigres libertés. Accepter l'incarcération comme une sorte de flatterie est l'apanage d'un privilège d'"occidentaux".
Nous pensons qu'une attaque de la propriété privée est nécessaire si nous voulons reconstruire un monde qui serait utile, sain et joyeux pour tous.
Sur la violence
de la propriétéNous affirmons que la destruction de la propriété n'est pas un geste violent si cela ne met pas en cause de vie ou n'entraîne aucune blessure.
La propriété privée - en particulier la propriété privée collective - est infiniment plus violente que toute action portée à son encontre. On doit distinguer la propriété privée de la propriété personnelle. En effet, la seconde est basée sur l'usage alors que la première est basée sur l'idée d'échange. L'intérêt de la propriété personnelle est que chacun d'entre nous dispose de ce dont il a besoin ou désire.
Dans une société fondée sur le droit de la propriété privée, ceux qui ont la possibilité d'accumuler plus que les autres disposent de plus de pouvoir. Par extension, ils exercent un contrôle plus important sur ce que les autres perçoivent comme des besoins et des désirs, en général pour accroître leur seul profit personnel. Les défenseurs du "libre échange" prolongent ce raisonnement jusqu'à sa conclusion logique : un réseau de quelques monopoles d'industrie disposant d'un pouvoir total sur la vie de toutes et tous. Les défenseurs du "commerce équitable" souhaiteraient que ce processus soit tempéré par un contrôle des gouvernements dont le but serait d'imposer superficiellement des normes de base en matière de droits humains.
En tant qu'anarchistes, nous récusons ces deux positions. La propriété privée - et le capitalisme par extension - est intrinsèquement violente et répressive et ne peut donc être ni réformée ni atténuée. Que le pouvoir de toutes et tous soit dans les mains de quelques groupes ou réparti par un système de régulation dont le seul but est d'atténuer les désastres causés par les précédents, personne ne peut être libre comme ce serait le cas dans une société sans hiérarchie. Quand nous brisons une vitrine, notre but est de détruire le vernis de la légitimité qui recouvre la propriété privée. Dans le même temps, nous exorcisons toutes les formes de relations violentes et destructives qui imprègnent tout autour de nous.
En "brisant" la propriété privée, nous transformons sa valeur d'échange limitée en une valeur d'utilité plus large. Une devanture brisée devient un trou laissant passer de l'air frais dans une atmosphère oppressive, celui de la vente de marchandises (au moins jusqu'à ce que la police ne décide de lancer des lacrymos sur une barricade toute proche). Un distributeur automatique de journaux devient un outil pour percer de tels "trous", ou un petit blocus pour revendiquer l'espace public ou nous donner un avantage sur le terrain. Une benne à ordures empêche les flics anti-émeutes d'avancer et devient une source de chaleur et de lumière.
Une façade d'immeuble devient un tableau sur lequel on peut écrire des idées en vue d'un monde meilleur. Après le 30 novembre, beaucoup de gens ne regarderont plus une vitrine ou un marteau de la même manière qu'avant. Les utilisations possibles de l'espace urbain se sont multipliées par 100. Le nombre de vitrines éclatées est ridicule comparé au nombre de vies brisées - vies bousillées par l'hégémonie qui nous écrase et qui nous pousse à oublier toutes les violences commises au nom de la propriété privée et tout ce qui serait possible si elle n'existait pas.
Les vitres brisées peuvent être rebouchées (avec un gâchis en bois toujours plus grand) et éventuellement remplacées, mais le fracas de notre arrogance et de nos espoirs persistera heureusement pour quelque temps. .
Contre le capital et l'État.
Le collectif ACME
5 décembre 1999Contact P.O. box 563, Morgantown, wv, 26 507, jeff@tao.caNB : ces observations et analyses sont énoncées par le collectif ACME et ne doivent pas être jugées représentatives du reste du BB ou de toute autre personne qui aurait participé à l'émeute ou à la destruction de la propriété le 30 novembre.
ARTICLE DE PRESSE
Washington
Avril 2000Du 15 au 17 avril 2000, le FMI et la Banque Mondiale avaient prévu de se réunir à Washington.
Et comme à Seattle l'an dernier, des dizaines de milliers de manifestants s'y sont également rendus, soit pour simplement protester, soit pour tenter d'empêcher ces réunions. On trouvera ci-dessous la traduction d'un compte-rendu des actions du Black-Bloc, tiré de l'hebdo Asheville Global Report (nE66, 20/4/2000, Caroline du Nord). Le Black-Bloc, on s'en souvient, s'était attaqué à la propriété privée (banques, magasins de luxe...) à Seattle, revendiquant ces actions. À Washington, il a plutôt privilégié la solidarité avec les autres manifestants contre les attaques de la police.
Le Black Bloc s'empare
des rues de WashingtonMasqués et vêtus de noir, le Bloc révolutionnaire anti-capitaliste ou Black Bloc s'est emparé des rues de Washington dans les premières heures du dimanche 16 avril pour empêcher la tenue des réunions du FMI et de la Banque mondiale. Ce fut le point de départ de deux jours d'escarmouches contre les polices de Washington DC, de Virginie et du Maryland, la police fédérale, les services secrets et la garde nationale.
En solidarité avec les coalisés du mouvement anti-globalisation, la majeure partie du bloc anarchiste - souvent composée de plusieurs groupes de centaines de personnes - agissait avec mobilité, de point chaud en point chaud, le long des lignes de blocages du Direct Action Network, aidant les activistes (1) menacés par la police.
Criant À qui sont les rues ? À nous ! et s'évertuant à le prouver, le Bloc a passé la matinée à se heurter aux positions de la police et parfois les a débordées pour éviter les arrestations d'activistes cernés et empêcher certains délégués d'atteindre la réunion à l'heure.
Pendant la matinée, ils ont soulevé et bougé des voitures garées, jeté des poubelles et tout ce qu'ils pouvaient trouver dans les rues pour bloquer les délégués et les mouvements de la police. Lors d'un incident au croisement de la 15ème rue et de celle de New-York, les membres du Black Bloc ont chargé la police en formant une chaîne à l'aide d'une barrière de chantier, les repoussant de plusieurs pâtés d'immeubles, au coin de la 14ème et de la rue K. La police répondant avec des jets de gaz lacrymogène et du gaz au poivre. Lors d'un autre incident sur la 21ème rue, la police anti-émeute a chargé matraque au poing. Le Bloc s'est rapidement formé, repoussant les lignes de police jusqu'à la 22ème rue, en utilisant des poubelles enflammées pour empêcher une autre charge policière.
Le dimanche après-midi, les membres du Black Bloc (plus d'un millier de personnes) chantant C'est à cela que ressemble l'anarchie, c'est à cela que ressemble la démocratie ! a entamé une marche victorieuse du centre ville jusqu'à Ellipse (ndlr : quartier situé au sud de la Maison Blanche), accompagnés par 10.000 participants à l'action directe pour rejoindre les festivités de plus d'une dizaine de milliers de manifestants qui se trouvaient là, la plupart appartenant aux syndicats de travailleurs et aux groupes écologistes.
Dimanche soir, des éléments du Black Bloc se sont reformés autour de l'ambassade du Mexique, dans la partie nord de la ville, pour attirer l'attention sur le mouvement zapatiste et pour dénoncer les conditions d'exploitation inhumaines des entreprises mexicaines qui ont poussé le long de la frontière américano-mexicaine depuis la signature de l'ALENA.
Qui étaient ces activistes vêtus de noir ? Les participants viennent principalement de villes américaines et du Canada, quelques autres du Mexique. Ils prennent leurs décisions lors de réunions au consensus rapide, affirmant que la hiérarchie mène à la corruption et à l'inégalité. Tous les membres du Bloc ne se définissent pas comme anarchistes et tous les anarchistes présents ne sont pas membres du Bloc. Ce sont des travailleurs et des membres de syndicats, des étudiants et des professeurs, des punks et des anti-cléricaux (pagan dans le texte original), qui partagent l'idée que le capitalisme global et les institutions qui l'appliquent sur les gens de la planète sont les causes profondes de la pauvreté et de l'érosion de la démocratie planétaire.
Le lundi matin, la réponse policière aux manifestations de protestation s'est durcie. Lors de plusieurs incidents, la police a roulé sur des manifestants avec des véhicules blindés ou des motos. Plusieurs manifestants ont été blessés lorsque la police empêchait, avec les matraques, les protestataires d'aider une personne écrasée par une voiture de police. Des flics en civil entraient alors en action, utilisant des matraques pour frapper ces protestataires avant de disparaître des lieux. Les activistes étaient tirés à vue avec des cartouches à gaz lacrymogène et des douzaines d'arrestations furent effectuées. Lors d'un incident, le chef de la police de Washington, Ramesy, qui a passé son week-end à minimiser l'importance et la réalité des manifestations, a été forcé d'appeler de l'aide lorsque lui et plusieurs officiers furent entourés et que sa barrette à quatre étoiles située sur son épaule fut déchirée par les manifestants.
À la différence des atteintes à la propriété privée qui ont accompagné les manifestations de Seattle, le Black Bloc a focalisé cette fois son énergie contre la répression des libertés constitutionnelles par la police et a ignoré le centre ville commerçant. Lors d'un incident, les manifestants sont passés devant une filiale de Gap, une entreprise connue et dénoncée pour son exploitation intensive. Nul ne toucha au magasin mais, non loin de là, plusieurs véhicules de police étaient attaqués.
Pourquoi tout ce tapage ? Les membres du Black Bloc et de nombreux activistes du mouvement anti-mondialisation étaient à Washington en raison de l'oppression que le FMI et la Banque Mondiale créent dans les pays du Tiers-Monde, et qui mène à la pauvreté, la famine et la misère. Ils se battent pour l'abolition de ces institutions et non leur réforme.
L'un des membres du Bloc, qui se fait appeler Zap, explique : Ce que nous essayons de montrer c'est que l'anarchie est l'essence de la communauté. Les communautés sont en train d'être détruites partout dans le monde et nous tentons de leur montrer à quoi ressemble une communauté autonome : qu'elle est forte et qu'elle agit pour le bien des gens. Il y a des gens dans le Tiers-Monde qui ont pleuré aujourd'hui parce que nous avons pu exprimer les choses à haute voix. Nous sommes en train de construire un mouvement inter-racial, un mouvement des gens pour les gens.
Malgré le fait que les réunions du FMI et de la Banque Mondiale furent relativement peu perturbées par les manifestations, les effets de ces protestations sont clairs. La zone neutre encadrée par la police fut occupée par près de 90 blocs de personnes dans la zone du Capitole et les manifestants en ont brisé des douzaines d'autres. Plusieurs stations de métro ont été fermées à cause des manifestations et le service de bus était au mieux sporadique dans la zone du centre-ville. Le gouvernement a demandé aux employés fédéraux du district du Capitole de rester chez eux lundi, ce qui l'a effectivement gêné et lui est revenu très cher.
Plusieurs bureaux et commerces du centre ville sont restés fermés. Des centaines de milliers de dollars ont été dépensés en heures supplémentaires par les services de police de même que des dizaines de milliers de dollars en équipement furent détruits. Nous avons gagné, a déclaré Han Shan, un manifestant anti-FMI/Banque Mondiale, ils ont dû militariser leur ville pour pouvoir tenir leurs réunions.
La solidarité en prison
156 personnes arrêtées durant les manifestations du 16-17 avril au sommet du FMI/Banque Mondiale ont été relâchées de prison. En pratiquant la solidarité en prison, elles ont réussi à être libérées avec seulement une amende à payer et aucune charge criminelle contre elles.
La capitulation des autorités fut le résultat d'une opération planifiée de solidarité en prison, où les détenus dissimulent leur nom en exerçant le droit de garder le silence (garanti par le cinquième amendement de la Constitution) et en perturbant le système avec un refus de coopération unitaire.
Un collectif d'avocats était prévu pour les défendre (composé du Direct Action Network, et qui a obtenu l'abandon de charges contre près de 600 personnes arrêtées lors du sommet de l'OMC à Seattle), a négocié avec le district de Columbia et le bureau du procureur général. Le consensus auquel ils ont abouti a été accepté par les arrêtés. Il comprend un abandon de charges et une amende individuelle de 5 $. Les autorités ont insisté pour que tous les détenus donnent un nom mais sans vérification d'identité.
De plus, l'accord est rétroactif pour toutes les personnes arrêtées lors de ces manifestations, qui n'ont pas encore été condamnées et qui donneront leur nom. Rappelons que près de 1.300 personnes ont été arrêtées lors de ce long week-end d'avril.
August Spies
Asheville Global ReportTraduction de l'anglais Christophe Charon.(1) Le texte dit locked-down activists. Il s'agit d'une technique où les personnes s'attachent soit entre elles soit à des objets à l'aide de lock-down, des sortes d'antivols à vélo en forme de U (il en existe de différentes sortes). Cette technique est utilisée notamment par le DAN et la mouvance écologiste-activiste.
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