libertaire anarchiste anarchisme

municipalisme libertaire
Le quartier,
la commune, la ville...
des enjeux libertaires
Collectif
co-édition Alternative Libertaire - Bruxelles
Le Monde libertaire - Paris - 52p. - 20 ff/100fb


NOTE DES ÉDITEURS

Vive la Commune !

Penser globalement, agir localement !

C'est trop peu connu : le quartier, la commune, la ville... et d'une manière générale, tout ce qui est de l'ordre du local, du proche, du quotidien, de la dimension humaine... constituent les terrains d'élection privilégiés des libertaires.

Et, si les libertaires privilégient l'espace du local, ce n'est nullement par repli sur Clochemerle ou par mépris du national, de l'international, du mondial... ou par incapacité à s'y investir.

Bien au contraire !

Car, si les libertaires ne sont pas sans ignorer l'importance du global, elles et ils sont en même temps conscient-e-s de tout ce que celui-ci charrie comme verticalités et comme centralités. Et, parce que les libertaires savent que ces espaces de centralité (fussent-ils gérés, co-gérés ou même autogérés de la manière la plus libertaire qui soit) auront toujours tendance à produire du centralisme, de la hiérarchie, de l'inégalité et du pouvoir, elles et ils ont fait le choix de travailler le problème à la racine en commençant par construire, à la base, des logiques de contre-pouvoirs, d'autogestion et de fédéralisme.

Pour les anarchistes, il ne s'agit donc pas d'opposer le local au global, mais de créer les conditions qui permettent aux citoyens, en s'appropriant la gestion du local, de pouvoir ensuite auto-gérer la cité, la région, le pays et le monde. En clair, sans autogestion pleine et entière à la base, au niveau du palpable et du quotidien, une gestion libertaire des centralités du global sera toujours vouée à l'échec.

Des stratégies en débat

Reste que tout cela est plus facile à dire qu'à faire et que plusieurs stratégies se proposent de réaliser cette aspiration (si toutefois l'on écarte les dogmes éculés d'un certain anarchisme millénariste).

C'est ainsi que Murray Bookchin nous invite à cultiver d'abondance le jardin du municipalisme, de l'associatif et du local, à l'arroser de pratiques et de valeurs libertaires, écologistes et fédéralistes, et, si le rapport de force construit par ces pratiques le permet, de ne pas hésiter à assumer (via une participation aux élections locales) la gestion de la commune y compris dans le cadre d'un système capitaliste.

C'est ainsi que Paul Boino nous invite à cultiver un autre jardin (celui du communalisme), à l'arroser des mêmes pratiques et valeurs libertaires, écologistes et fédéralistes, et nous met en garde contre la gestion de la commune dans le cadre du capitalisme.

À première vue, il semble ne s'agir entre les camarades Bookchin et Boino que d'une simple divergence tactique : convient-il ou non, sur les bases de la mise en œuvre des mêmes pratiques libertaires concourant à créer un rapport de force favorable à une véritable autogestion de la commune, de s'investir dans le champ électoral pour (auto)gérer la commune dans le cadre du système capitaliste ?

En fait, il s'agit de bien autre chose.

Dans sa contribution, Paul Boino nous explique qu'il est de peu d'intérêt de gérer une commune dont l'imbrication, la dépendance (notamment financière) au canton, au département, à la région, au pays, à l'Europe... est telle que la marge de manœuvre avoisine l'insignifiance. En clair : à quoi bon exercer "le pouvoir" si ce "pouvoir" est sans consistance.

Dans le même ordre d'idée, il nous rappelle que si l'autogestion politique (dans le cadre communal ou plus large) constitue un élément fondamental dans l'auto-formation des citoyens à l'autogestion, elle n'a de sens véritable que si elle va de pair avec une véritable autogestion économique et sociale.

En clair, comme le disait synthétiquement Bakounine, ce camarade vitamine, que Tant qu'il n'y aura point d'égalité économique et sociale, l'égalité politique sera un mensonge. Ce que nous pourrions traduire par tant qu'il n'y aura pas d'autogestion économique et sociale, l'autogestion politique ne restera qu'une coquille vide.

Bref, s'il est vrai que le municipalisme libertaire de Bookchin a le véritable mérite de poser la vraie question du politique à l'anarchisme social, ne jette-t-il pas le bébé avec l'eau du bain de la lutte des classes et d'un système social basé sur l'exploitation et l'oppression.

Histoire d'accrocher ce débat à la réalité du terrain, nous avons ensuite demandé à nos camarades italiens de la Fédération municipale de base de Spezzano Albanese de nous faire part de leur pratiques. La conclusion de leur témoignage est limpide :

Qu'est-ce qui est le plus utile pour la pratique communaliste : que beaucoup de gens n'aillent pas voter, comme du reste ça se passe déjà dans de nombreuses démocraties occidentales, mais s'isolent chez eux en laissant toute faculté au pouvoir de faire ce qu'il veut ? Ou, au contraire, que beaucoup de ceux qui vont voter, convaincus pourtant de ne pas donner des chèques en blanc, se joignent aux structures autogestionnaires ? En somme, nous sommes convaincus que l'activité communaliste doit se tenir à l'écart des logiques électorales et abstentionnistes, pas des débats qui agitent la commune. En effet, c'est seulement à travers sa propre activité sociale sur les problèmes collectifs et territoriaux, faite de propositions et d'initiatives réellement alternatives à la démagogie du rituel de la délégation, qu'elle pourra contribuer de manière cohérente à la construction d'une pratique fédéraliste libertaire. Enfin, selon nous, la praxis communaliste doit refuser à la fois la logique du révolutionnarisme millénariste et les logiques qui peuvent aboutir au réformisme. Elle doit se projeter dans le quotidien pour briser le pouvoir et l'exploitation par la construction graduelle du fédéralisme libertaire, ici et maintenant.

Pour conclure cette brochure, Marianne Enckell dans Agitation communale ou municipalisme libertaire nous brosse un bref tableau historique de la cohérence libertaire sur cette problématique.

Merci à Murray Bookchin, à Paul Boino, aux municipalistes de base italiens et à Marianne Enckell pour ce débat formateur qui s'inscrit dans le sillon de cet anarchisme social qui élabore de nouvelles pistes d'intervention en prise directe avec le réel.
 

Éditions du Monde Libertaire
 Éditions Alternative Libertaire



EXTRAITS DU SOMMAIRE

Le municipalisme libertaire
Murray Bookchin

Communalisme et municipalisme
Paul Boino

L'expérience de Porto Allegre au Brésil
Paul Boino

Agitation communale
ou municipalisme libertaire
Marianne Enckell

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